
Mardi 30 aout
Genève
Ciel bleu et chaleur estivale pour ce rapide passage aux Geneva Watch Days 2022. Joli contraste avec notre visite d’avril dernier au Time to Watches sous la neige et le froid mordant. Enfin, de toute façon ça ne change rien puisque je m’apprête à passer la journée enfermée le nez collé sur des montres.
Beaucoup de grands noms de l’horlogerie sont présents dans ce salon d’un nouveau genre, centralisé à l’hôtel Beau-Rivage et dans le chapiteau lui faisant face (monté pour l’occasion) mais comprenant également des showrooms dans différentes boutiques genevoises, ce qui permet de se dégourdir les jambes entre les visites. Lancé durant l’ère covid, le salon semble bien parti pour perdurer avec chaque année de nouveaux exposants, une organisation plus flexible et des coûts plus facilement maitrisables pour les horlogers.

Beaucoup de grands noms donc, mais cette année le Time Club ne rendra visite qu’à six d’entre eux : Ulysse Nardin, De Bethune, Corum, MB&F, H. Moser & Cie et Oris ; pour cause de manque de main d’œuvre déjà occupée ailleurs par les contraintes du salariat. Ne reste donc que moi -disponible le temps de deux matins et d’une fin de soirée- pour la première fois en solo dans un salon horloger, avec la responsabilité de devoir porter à moi seul la charge titanesque de la défense de la bonne image du club.
Mais ça va, je ne me suis pas trop mal débrouillé…
10h
Ulysse Nardin
Je suis reçu à l’étage de la boutique du quai Général-Guisan en compagnie de plusieurs journalistes pour assister à une présentation de M. Sabatier, Chief Product Officer de la marque genevoise nouvellement indépendante. Sur les tables, en attendant son arrivée, de nombreux modèles iconiques s’offrent à nos yeux et à nos objectifs, dont des variations de la Freak comme la Freak X ou la Freak Carrousel Tourbillon.
Après une présentation des nouvelles collections, des objectifs et des horizons futurs de la marque dans un anglais irréprochable, M. Sabatier nous fait apporter les nouveautés Ulysse Nardin pour les Geneva Watch days, placées sous le signe de l’arc en ciel : nommément la Blast Rainbow et la Lady Diver Rainbow.
Chez Ulysse Nardin

Lady Diver Rainbow White
Blast Rainbow

Lady Diver Rainbow Black
Les modèles aux lunettes serties de pierres précieuses multicolores offrent un beau festival de couleurs et constituent une rupture dans l’esthétique traditionnelle d’Ulysse Nardin, assez dans l’air du temps. Je trouve le rendu encore plus beau sur la Blast, aux dimensions plus imposantes et mouvement squelette qui souligne mieux le sertissage.
Mais l’heure tourne déjà et je remercie M. Sabatier pour sa présentation avant de filer au Beau-Rivage.
11h
De Bethune
DB25 Perpetual Calendar
Je suis un peu pris par le syndrome du passager clandestin en entrant dans le magnifique hôtel Beau-Rivage, entouré de gens en costume ; mais ce songe se dissipe bien vite en arrivant dans la showroom De Bethune où je suis chaleureusement accueilli et conduit à un bureau pour une présentation des nouveaux modèles de la marque.
Sur un plateau arrive alors le magnifique DB25 Perpetual Calendar, le nouveau calendrier perpétuel de la maison présentant la complication horlogère la plus complexe, aux belles couleurs marines, avec son cadran guilloché et son nouveau boitier en titane développé par la marque vaudoise.
Autre nouveauté : la DB25 Starry Varius Aerolite et sa grande beauté astrale, dont le cadran possède la particularité exceptionnelle d’être fabriqué à partir d’une météorite !
La matière météoritique est polie, bleuie et agrémentée d’une voie lactée réalisée en feuille d’or, qui nous donne l’impression de perdre notre regard dans une belle nuit étoilée, couronnée par les aiguilles évoquant des planètes. Une très belle œuvre qui fascine aisément les amateurs astronomes comme horlogers.
DB25 Starry Varius Aerolite
DB28 GS “JPS”
Je peux ensuite mettre la main sur le nouveau modèle de la gamme DB28, la GS «JPS» (hommage à la livrée John Player Special de l’écurie de Formule 1 Lotus), qui se veut associée au grand âge de l’innovation mécanique de la F1. La montre dévoile un design futuriste qui lui donne un air de complexe machine portative. Les couleurs or (titane oxydé) et titane noir du boitier sont un autre clin d’œil à la livrée des voitures de course Lotus et s’inscrivent dans la démarche de De Bethune d’utiliser le titane et ses variations comme matériaux exclusifs de certains de ses boitiers.
12h
Corum
Petite promenade à pied (rapide car je suis déjà en retard) au cœur de Genève pour avaler les 500 mètres qui séparent l’hôtel Beau-Rivage de la showroom Corum située à la Maison de l’Horlogerie. Je suis très amicalement accueilli par M.Wälti que nous avions rencontré au salon Time to Watches quelques mois plus tôt pour une présentation du nouveau modèle de l’emblématique Bubble : la Bubble X Aiiroh, réalisée en collaboration avec le pop/street artist français Aiiroh.
Le cadran est décoré par une œuvre originale de l’artiste, façonnée pour lui conférer l’apparence d’une rose et offrant un magnifique patchwork de couleurs vives qui contraste bien avec l’acier noir du boitier. Comme la plupart des modèles de Bubble, il s’agit d’une édition limitée, en l’occurrence très exclusive puisqu’elle ne comptera que 88 exemplaires. Un bel exemple de fusion féconde entre horlogerie de luxe et pop culture, qui caractérise aussi la volonté traditionnelle de Corum de rompre les conventions avec tact.
Je découvre avec grand plaisir que la showroom comprend également un petit musée Corum mettant à l’honneur les modèles qui ont marqué l’histoire de la manufacture neuchâteloise depuis 1955. Un très beau voyage à travers le temps qui aide à mieux comprendre l’ADN de la marque, guidé par les commentaires précieux du responsable de la conception.
18h
MB&F
Après une interruption de quelques heures pour vaquer à des obligations de la vie courante, je replonge dans l’horlogerie en étant reçu en début de soirée dans la showroom MB&F. Le premier salon nous accueille avec une petite exposition rétrospective des modèles MB&F les plus iconiques, des Horological Machines les plus innovantes aux airs farfelus aux Legacy Machines les plus élégantes. M. Légeret m’entraine alors sur le balcon -et une magnifique vue directe sur le jet d’eau- pour me présenter les nouveautés dans une ambiance lounge très cozy.
Le showbalcony MB&F

LM Split Escapement EVO
Les cerveaux fument chez MB&F car ce n’est pas là l’unique nouveauté estivale. Un chronographe dual fascinant, le LM Sequential EVO comprenant deux chronographes indépendants a également été mis au point avec McDonnel, comportant un système « Twinwerter » qui agit comme commutateur entre les deux complications et permet de les démarrer et de les arrêter au même moment, ou de faire démarrer l’un en arrêtant l’autre ; permettant ainsi d’atteindre une précision parfaite lors de mesures de performance de courses ou de relais. C’est une magnifique pièce d’horlogerie au cadran chargé de complications et flanquée d’une multitude de boutons, qui mérite bien son nom de machine.


LM Sequential EVO
Mercredi 31 aout
10h
H. Moser & Cie
Installé dans un confortable fauteuil le temps que le garde-temps tant attendu se libère, j’en profite pour aller prendre un selfie sur le balcon ensoleillé avec vue sur le jet d’eau afin de narguer mes camarades du Time Club, qui, à cette heure-ci, doivent être au boulot pendant que je m’éclate au Geneva Watch Days. Cruel mais plaisant.
Arrive la pièce sur son présentoir. Elle attire tout de suite l’œil de par le noir envoutant de son cadran et l’or rouge de son boitier et bracelet.
La Streamliner Tourbillon Vantablack affiche un design épuré et minimaliste -un marqueur identitaire pour la collection Streamliner- comme pour mieux attirer le regard sur ce qui importe vraiment : le mouvement tourbillon notamment, mais surtout le cadran recouvert de la matière Vantablack, utilisé pour la première fois sur une montre par H. Moser & Cie en 2020 après des années de recherche et développement.
Elle consiste en un agencement vertical de nanotubes de carbone conférant un coefficient d’absorption de plus de 99,9% à la surface qu’elle recouvre, donnant ainsi l’impression d’un trou noir et effaçant les contours et les formes. La nouvelle alliance avec l’or rouge est tout particulièrement esthétique et, couplée au design moderne, elle donne au garde-temps un aspect hyperluxueux unique.



11h
Oris
La showroom Oris se trouve seule au dernier étage de l’hôtel Beau-Rivage où elle occupe la sublime penthouse suite avec vue sur le lac. Entendre parler Suisse-Allemand en passant la porte me rappelle qu’Oris est une marque entièrement alémanique, qui se charge avec brio de nous rappeler que l’art horloger suisse n’est pas le monopole des Romands.
Hélas, je suis contraint de switcher en Anglais car mon Allemand se limite aux formules de politesse, à Bier et Prost.

Oris présente cet été une nouvelle Divers Sixty-Five, montée avec le Calibre 400, le tout récent mouvement développé par la marque et le premier entièrement conçu in-house depuis son indépendance dans les années 80. Le mouvement présente d’excellentes qualités techniques avec sa plus grande résistance au magnétisme, sa garantie 10 ans, ses 120 heures de réserve de marche et une marche diurne de seulement -3/+5 secondes (plus exigeant que les certifications COSC).
Tout cela monté sur le boitier traditionnel Divers Sixty-Five, pour un prix allant de CHF 3100.- à 3300.- seulement, ce qui en fait donc une des montres Swiss Made les plus abordables -si ce n’est LA plus abordable- du marché équipées entièrement avec un mouvement in-house.
Divers Sixty-Five 400


On peut compter en plus parmi les nouveautés Oris une déclinaison de la Big Crown, la Big Crown Wings of Hope, réalisée en soutien de l’association caritative aéronautique éponyme. Elle présente une jolie allure vintage avec son bracelet brun en daim recyclé et son index old school. Pour couronner le tout, elle embarque également le mouvement in-house Calibre 401, une variation du Calibre 400.
Big Crown Wings of Hope,
version acier et version or

On me présente aussi le futur nouveau garde-temps Oris (sortie en novembre) dont je ne peux piper mot ni dévoiler les photos (que j’ai prises sans le savoir). Mais pour être d’une Stricte Objectivité Spectatrice, je peux dire qu’il est très joli et possède un design original.
12h
It’s over 🙁
Voilà, c’est déjà la fin de ma visite aux Geneva Watch Days. Il y a évidemment maintes autres marques que j’aurais aimé voir, mais il y avait tout simplement trop de contraintes sur l’agenda du Time Club en cette fin de mois d’août : pour certains membres de nature professionnelle, et pour d’autres comme moi plutôt du genre d’un départ en vacances.
Merci à Ulysse Nardin, De Bethune, Corum, MB&F, H. Moser & Cie et Oris qui m’ont très bien reçu en ma qualité modeste de journaliste pour le Time Club, et bien sûr à l’année prochaine.

Maxime Pastore
Bonus: les goodies de cette année :
